Exposition

La Tendresse subversive

Vue de l’exposition « La Tendresse subversive », 2022 © Martin Argyroglo

La rencontre de ces deux termes s’impose comme l’évidente conclusion des mutations de l’art dans un monde instable et fragile. La tendresse subversive est, dans l’exposition, l’alternative contemporaine à l’avant-garde moderniste.

Le dictionnaire Le Littré nous apprend de la tendresse qu’elle est Nature : « nul ciseau, nul tour, nul pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets. » Mais il nous dit aussi qu’elle est Culture : « s’est dit autrefois de la douceur, de la délicatesse et de la légèreté du pinceau, du ciseau. » Nous voilà avec Nature & Culture qui se rejoignent en tendresse. D’une part, le décor d’un réel qui accueille nos vies – architecture, urbanisme, industrie, loisirs… Bref ! ce que nous faisons. D’autre part, la Nature qui accueille dans son monde un monde étranger, le nôtre. La rencontre de ces deux mondes provoque une friction, une tension qui à ce jour semble ratée, pour ne pas dire désastreuse.

Le dictionnaire Le Littré nous apprend de la tendresse qu’elle est Nature : « nul ciseau, nul tour, nul pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets. » Mais il nous dit aussi qu’elle est Culture : « s’est dit autrefois de la douceur, de la délicatesse et de la légèreté du pinceau, du ciseau. » Nous voilà avec Nature & Culture qui se rejoignent en tendresse. D’une part, le décor d’un réel qui accueille nos vies – architecture, urbanisme, industrie, loisirs… Bref ! ce que nous faisons. D’autre part, la Nature qui accueille dans son monde un monde étranger, le nôtre. La rencontre de ces deux mondes provoque une friction, une tension qui à ce jour semble ratée, pour ne pas dire désastreuse.

L’exposition nous fait parfois rendre visite à des êtres que nous refusons de regarder. D’autres fois, elle nous fait nous souvenir de nos tentations répétées pour contenir les libertés, ou tordre les corps pour les abimer. Surtout ceux des femmes. Et puis il y a les oiseaux que le dessin n’emprisonne pas. Chèr·es visiteur·euses, prenez le temps d’apparaître faible, soyez indeterminé·es, incertain·es ! C’est à ce prix que vous verrez la tendresse subversive dans les œuvres de chacune des artistes.

Commissaires : Abdelkader Damani et Nelly Taravel

Artistes et architectes exposés :

Vue de l’exposition La Tendresse subversive, 2022 Ana María Arévalo Gosen, Días Eternos, 2017-2022 © Martin Argyroglo

Ana María Arévalo Gosen

Partagée entre son Venezuela natal et l’Europe, Ana María Arévalo Gosen étudie la photographie à l’ETPA, à Toulouse, à partir de 2011, après des études en sciences politiques. C’est à la fin d’un stage avec Jacob Aue Sobol, à Hambourg, qu’elle confirme sa volonté de questionner la société avec une approche documentaire.

 

Días Eternos, 2017-2022

Le projet Días Eternos d’Ana María Arévalo Gosen est né en 2017 au Venezuela, pays d’origine de la photographe. Elle a depuis étendu son travail de documentation sur les prisons pour femmes à deux autres pays, le Salvador et le Guatemala, dont sont présentés ici une sélection de clichés. L’artiste, engagée pour la défense des droits des femmes, photographie avec lumière et tendresse le quotidien précaire des détenues. Les œuvres montrent la relation des corps en manque d’espace au périmètre des murs qui deviennent le journal intime de leur vulnérabilité. S’accommodant de cette architecture patriarcale de privation, les femmes font de leur corps un lieu de résistance et de rébellion contre l’indigence : elles se maquillent, s’épilent, autant de gestes de leur inaliénation. À l’inverse, leurs tatouages sont d’anciens signes d’appartenance à des gangs, des prisons sociales dont elles sont paradoxalement libérées.

Vue de l’exposition La Tendresse subversive, 2022
Ana María Arévalo Gosen, Días Eternos, 2017-2022
© Martin Argyroglo

Alice Diop

Alice Diop est née en 1979 à Aulnay-sous-bois, dans une famille sénégalaise. Elle est l’auteure de plusieurs documentaires dans lesquels elle porte un regard neuf, tant sociologique que cinématographique, sur le quartier de son enfance, sur la diversité, sur l’immigration. Son cinéma s’intéresse à ceux que l’on ne voit pas, en vue de combattre les idées reçues.

À mi-chemin entre réel et fiction, Alice Diop donne à entendre les voix, généralement tues, de quatre jeunes hommes de Seine-Saint-Denis qui se confient sur leurs rapports aux femmes et à l’intimité. Fantomatiques et inaccessibles, les figures féminines font l’objet de leurs obsessions et frustrations face à l’impossibilité de nouer des relations amoureuses. En désynchronisant les voix des images, la réalisatrice souligne le hiatus entre le machisme mis en scène dans l’espace social et les fragilités solitaires dévoilées par les monologues. La caméra s’approche au plus près des sujets, épousant les détails des visages et plongeant dans leurs impasses affectives. Le film déjoue la brutalité des stéréotypes et trace un chemin vers la possibilité d’aimer.

 

 

Vers la tendresse, 2015
Court métrage, 39 min

Vue de l’exposition La Tendresse subversive, 2022 Clarisse Hahn, Princes de la rue, 2021 © Martin Argyroglo

Clarisse Hahn

Clarisse Hahn est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2001. Elle dit appartenir autant à la sphère du documentaire qu’à celle de l’art contemporain. Dépassant la quête voyeuriste et le constat sociologique, elle conçoit des œuvres dont la composition artistique met en lumière l’humanité de l’autre. Du monde professionnel de la pornographie (Ovidie, 2000) au désœuvrement codifié des jeunes marginaux (Boyzone, 1999), en passant par la dépossession du corps des patients des hôpitaux gériatriques (Hôpital, 1999), l’œuvre de Clarisse Hahn semble hantée par l’idée que l’identité morale et corporelle dépend du groupe social. Les travaux récents de l’artiste prennent pour point de départ une problématisation des ambivalences de l’image documentaire. Les tensions qui se jouent entre celles et ceux qui occupent la surface de l’image et l’œil qui les regarde constituent le cœur de sa réflexion.

 

Princes de la rue, 2021
Série photographique, tirages argento-numériques

« J’ai appelé ma série les Princes de la rue car il y a beaucoup de majesté dans leur allure. Elle résulte d’une théâtralisation poussée de leurs comportements qui passe par le soin qu’ils prêtent à la fois à leur tenue vestimentaire et à leur gestuelle. »

– Clarisse Hahn
Cette série photographique donne à voir le quotidien d’hommes vivant dans l’environnement clos du quartier de Barbès à Paris. Elle s’inscrit dans son travail sur les Boyzones, commencé en 1998 et centré sur les attitudes et archétypes masculins entourant la question de la virilité. Dans cette série à la lisière du documentaire, fruit de trois années d’immersion, la caméra de Clarisse Hahn opère un va-et-vient constant entre distance formelle et proximité physique. Les attitudes fortes observées dans la rue, lieu où les corps sont particulièrement vulnérables, trouvent du répit dans des scènes d’une intimité rare prises au domicile de la photographe.

Vue de l’exposition La Tendresse subversive, 2022
Clarisse Hahn, Princes de la rue, 2021
© Martin Argyroglo