Née en 1987, Anne Houel est diplômée du DNSEP-master Art avec mention du jury à l’Ésam de Caen (2006-2011). Elle s’intéresse à la mémoire des sites, aux espaces en creux ainsi qu’aux points névralgiques des architectures. Anne Houel travaille aussi bien à l’échelle de la maquette qu’à celle des espaces urbains et puise son inspiration dans les territoires où elle est amenée à créer.
Depuis les tours déployées sur les remparts de la ville jusqu'à l'apparition des grands ensembles, le paysage de Vierzon a connu de nombreuses constructions verticales, aujourd'hui disparues. Anne Houel s'approprie ce grand jeu d'urbanisation ascendante pour créer une véritable aire de jeu à partir d'une sculpture matrice modulable, évolutive et participative. L’œuvre s'articule autour d'une tour crénelée inspirée du blason de la ville. Celui-ci représente la tour dressée ou penchée en fonction de la soumission ou non du peuple à son seigneur. Maçonnée de sable, elle rejoue le cours de l'histoire en s'effaçant insensiblement du paysage au fur et à mesure des intempéries. Sa disparition laissera place à de futurs chantiers qui se substitueront aux symboles d'autrefois, laissés en ruine. En rappelant des œuvres telles que The Obliteration Room (2011) de l'artiste Yayoi Kusama, Anne Houel se soustrait à sa création au profit de son appropriation par les usagers. Ne peut-on pas y voir également la métaphore du pouvoir vertical qui se dissout ? « L'effondrement et la disparition de la tour n'incarneraient-ils pas l'infinie liberté ? » interroge l'artiste.
Playground, matrice sable, 2022 © Anne Houel
