Des villes pour vivre, Yona Friedman

De septembre 2025 à mars 2026, le Frac Centre-Val de Loire présente une exposition consacrée à Yona Friedman, théoricien de « L’Architecture mobile », et dont le Frac possède une trentaine de maquettes et dessins.
Dès les années 1950, Yona Friedman a développé une pensée visionnaire et radicale de l’architecture dont il a repensé le rôle de façon à mieux répondre aux besoins essentiels des habitants dans un contexte d’après-guerre marqué par de nombreuses crises immobilières, mais aussi politiques, économiques, démographiques, sociétales et, déjà environnementales.
Depuis une approche située à la croisée de l’urbanisme et de la sociologie, Yona Friedman défend le principe d’une « cité conçue par ses habitants » incarnée par les Villes spatiales.
Composées de modules amovibles et interchangeables, elles se déploient depuis un développement urbain vertical qui libère le sol. Accueillant logements, services, bâtiments publics, commerces, etc., les Villes spatiales sont amenées à évoluer selon les besoins des habitants.
Pensées et conçues depuis les principes de l’autoplanification, elles redéfinissent aussi le rôle de l’architecte dont la mission consiste davantage à élaborer des diagnostics et à accompagner les choix et manières d’habiter. C’est aussi une esthétique nouvelle de la ville qui se dessine avec « un ensemble aléatoire résultant de tous les goûts particuliers de tous les habitants ».
Pour accompagner ces développements, Friedman propose un ensemble varié de formations, d’outils et de manuels. Ces manuels, réalisés sous la forme de bandes dessinées, participent de la diffusion et la démocratisation du programme.

À bien des égards, le projet de Yona Friedman annonce certaines démarches d’architecture dites « participatives » et reprises déjà par des architectes et des collectifs convaincus de la nécessité de décisions partagées. Ce projet se fait surtout l’écho d’enjeux très contemporains, notamment s’agissant d’écologie, de démocratie, de justice sociale et même de politiques culturelles.
Certaines organisations proposées par Yona Friedman ont été reprises par l’UNESCO ou encore par l’Europe et c’est une relecture contemporaine de ce travail, mais aussi de ces « utopies réalisables » que propose cette exposition.
L’exposition présentée aux Turbulences réunit maquettes, dessins, manuels et installations de la collection du Frac Centre-Val de Loire, mais aussi du Frac Grand Large – Hauts-de-France (où le fonds Friedman du cneai = est mis en dépôt), du 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine, du Cnap / Centre national des arts plastiques ainsi que du Fonds Denise et Yona Friedman.
Elle est organisée en quatre grandes sections, La ville évolutive, La ville démocratique, La ville écologique et La ville culturelle qui présentera Le Musée sans bâtiment, installé dans la Galerie centrale (Étage 2 du Frac) et qui accueillera les propositions et créations d’associations, d’étudiants et de citoyens, sur invitation ou après un appel à projet public.
La scénographie, confiée à Morgan Fortems, est réalisée depuis les principes de réemploi chers à Yona Friedman et dont elle reprend totalement l’esprit du travail et des recherches. L’exposition favorise également une approche sensible de ce travail avec l’accès aux manuels produits à partir de 1975, pour l’ONU, l’Union Européenne, le Ministère français de l’Environnement, ou encore par la représentation de dessins et graphes sur les murs.
Des rencontres associant des architectes, des chercheurs, des associations et des partenaires comme la Maison de l’Architecture et des Paysages Centre-Val de Loire, seront également organisées dans le cadre des « Nocturnes » du Frac.
Autour de l’exposition

Les visites
Samedi 20 et dimanche 21 septembre, dimanche 16 octobre
- Samedi 20 septembre, 11h > 12h : l’Œil du scénographe
Visite de l’exposition en compagnie de son scénographe, Morgan Fortems. - Dimanche 21 septembre, 11h > 12h : Le regard de la commissaire
Visite en compagnie de Christelle Kirchstetter, commissaire de l’exposition et directrice du Frac Centre-Val de Loire. - Dimanche 19 octobre, 15h > 16h : Les coulisses de l’exposition
Une médiatrice et une chargée de collection vous révèlent les coulisses de la conservation des œuvres de Yona Friedman, leurs histoires et leurs voyages.

Les nocturnes
En savoir +Tous les 1er jeudis du mois, 18h30 > 20h
- Jeudi 2 octobre : Yona Friedman et la revue Le Carré bleu.
Par Elke Mittman et Pascale Marion, conférence en partenariat avec la Maison de l’Architecture et des Paysages Centre-Val de Loire. - Jeudi 6 novembre : La maquette, un objet modèle ? Entre art et architecture.
Par Marie-Ange Brayer, conférence organisée avec le concours des Amis du Frac Centre-Val de Loire. - Jeudi 4 décembre : Le Flatwriter de Yona Friedman.
Par Claire Petetin, conférence en partenariat avec l’ESAD – École supérieure d’art et de design d’Orléans.

Découverte et activation du Musée sans bâtiment
Samedi 20 septembre et dimanche 19 octobre
Le Musée sans bâtiment de Yona Friedman est ouvert à l’usage de tout le monde : chaque personne y construit ou y apporte des objets du quotidien.
- Samedi 20 septembre, 15h > 15h45 : Découverte de l’installation de Yona Friedman et préparation de la participation aux Journées nationales de l’architecture
- Dimanche 19 octobre, 14h > 17h : Activation de l’œuvre. Choisissez un objet personnel qui fera partie de l’exposition.

Visite et projection du film Animal Normal, conversations avec Yona Friedman
Samedi 18 octobre, 15h > 17h
Animal normal relate la conversation intimiste que Yona Friedman a engagée avec Caroline Cros et Antoine de Roux en 2007. Filmé dans son appartement, Friedman nous fait partager une pensée généreuse où l’individu redevient un acteur responsable de l’amélioration de son environnement. Puisant dans des références variées, il transmet une vision du monde et de l’architecture où l’improvisation, l’éducation, la communication, la créativité, la mobilité sont des vecteurs de liberté.
Film de Caroline Cros et Antoine de Roux, 48 min, 2014, France.
Projection proposée à 15h30 en présence de la réalisatrice Caroline Cros, précédée d’une visite de l’exposition à 15h.