Constant

New Babylon, 1963

D’abord nommée « Dériville », New Babylon se donne comme le premier projet utopique de ville globale, marquée par l’urbanisme planétaire de Guy Debord qui en suggéra le nom et sur lequel Constant travaille de 1956 à 1974. Les situationnistes appelaient à un dépassement de toutes les formes d’expression pour aboutir à un « urbanisme unitaire » devant permettre la création d’ « ambiances » expérimentées par la « dérive », et ainsi favoriser la « construction de situations ». Constant se propose de réaliser ce programme urbanistique : New Babylon est un « environnement artificiel », une architecture technologique de réseaux qui se fonde sur le nomadisme, le jeu et le changement créateur. Cette ville prend la forme d’un espace labyrinthique qui induit la désorientation, où les mouvements ne subissent plus la contrainte de quelque organisation spatiale ou temporelle : à l’enracinement fait place le nomadisme ; à l’agglomération d’espaces privés fonctionnels se substitue l’expérience gratuite et publique. C'est le déplacement des individus qui entraîne la transformation de l'architecture ; la mobilité est ici celle de la migration, évocation directe des préceptes situationnistes  de « situations urbaines mouvantes ». Contrairement au temps concentré et accéléré de la ville industrielle, l’architecture se dissout dans « l’écoulement lent des flux humains ». Pour Constant, « la forme labyrinthique de l’espace social new babylonien est l’expression directe de l’indépendance sociale ». La création devient un processus permanent, une activité quotidienne : « Comme le peintre qui crée à partir de quelques couleurs seulement une infinie variété de formes, de contrastes, de styles, les New Babyloniens peuvent varier sans cesse leur environnement, le renouveler, le recréer, en se servant des instruments de la technique. » (Constant)

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