Dominique Perrault

Bibliothèque Nationale de France, Paris, 1990-1994

Sans aucune entrée visible depuis la rue, juchée sur son socle en bois d’ipé, la Bibliothèque Nationale de France s’impose dans le paysage urbain par ses quatre tours de 78 mètres de haut – quatre « livres » ouverts sur le ciel de Paris. Constituées de verre extérieur collé, les parois suscitent l’illusion de dématérialisation et de vide, maître-mots du projet de Dominique Perrault. L’esplanade surplombe un jardin, une « forêt » – non accessible au public – intégrant la nature en plein cœur de la ville. Les salles de lecture sont distribuées par des espaces de déambulation éclairés de grandes parois vitrées donnant sur le jardin. Les choix esthétiques sont ici retenus et mesurés. À la froideur du béton brut, de l’acier tressé et du verre, Perrault oppose à l’intérieur la douceur et la préciosité d’un bois omniprésent et une moquette de couleur chaude. Si la référence à Mies van der Rohe est évidente dans l’écriture « minimaliste » du projet et ses qualités urbaines, Perrault apporte un soin aux détails et à la finition. Les innombrables recherches graphiques et iconographiques, menées par l’architecte dans ses carnets de croquis, témoignent de toute la complexité des champs de référence convoqués, esthétiques et historiques : des études de minarets à l’aboutissement formel des tours actuelles se dessine un long cheminement d’exploration spatiale.

partager sur ou