Claude Parent

Mémorial Yves Klein, 1964-1965

Entre 1959 et 1961, Claude Parent collabore à plusieurs reprises avec Yves Klein sur des projets d’architectures de l’air –  expériences fondatrices qui influenceront profondément ses recherches sur l’espace. Après la disparition prématurée de l’artiste en 1962, sa mère et son épouse sollicitent Parent pour un projet de mémorial à Saint-Paul de Vence (1964-65). Le dispositif architectural de ce mémorial en béton se veut une incarnation de la quête cosmique d’un « peintre de l’espace ». Parent met au point un parcours sur trois niveaux en favorisant des plans ouverts et des volumes purs, comme ces « éléments cylindriques de visée ». Trois d’entre eux semblent « léviter » au-dessus d’un socle carré, provoquant une mise en tension des éléments (air, terre, eau, feu...) et de l’espace (verticalité, horizontalité, oblique). Le vide devient ici la force architecturante dans un « appel vers l’immatériel, le monochrome, l’atmosphérique ». Le quatrième cylindre introduit un principe tellurique en s’enfonçant sous terre ; il conduit à une « crypte » contenant des monogold, série de monochromes aux propriétés alchimiques réalisés par Klein, pour qui la couleur or symbolise l’accession à l’immatérialité. Cette voie de libération spirituelle sublime ainsi le conflit entre la multiplicité des perceptions à l’extérieur et la profondeur opaque de l’espace enterré et informe. La proposition de Claude Parent se nourrit ici de la notion de « crypticité » développée par Paul Virilio et que tous deux mettent en œuvre à la même époque dans l’Eglise Sainte-Bernadette du Banlay (1963-66). Ici comme à Nevers, l’espace cryptique dialectise la rencontre du ciel et de la terre.

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