Claude Parent

Maison Soultrait, Domont, 1956-1958

Lorsque le baron Pierre de Soultrait commande à Claude Parent sa nouvelle résidence principale, l'architecte n'est installé que depuis trois ans. D'abord avec Ionel Schein puis tout seul, il travaille depuis 1953 à la conception de maisons individuelles à bas coût dans la lignée du Plan Courant. Ici l'économie – en termes de place, de coût ou de temps de réalisation –  n'est pas de rigueur. Dans ce parc boisé de 2 ha, le baron et sa famille souhaitent en effet voir s'élever une maison innovante, proche de celle que l'on peut observer alors dans les revues ou dans les salons, tel celui des arts ménagers. Dès la création de la maquette, l'architecte joue avec les masses et les points de vue. Il imagine deux corps de bâtiment, l'un rectangulaire, l'autre carré, réunis selon un angle de 120°. Si le plus souvent, dans l'architecture domestique, c'est le niveau qui affirme la séparation des fonctions, ici ce sont les différents volumes qui marquent cette disjonction. Les espaces dédiés à la famille sont répartis sur deux niveaux dans la partie la plus longue de la maison. Les chambres, les salles de bain, la salle de jeux et la cuisine sont ainsi éloignées du salon qui se développe, pour sa part, sur trois niveaux. Presque entièrement vitré, le salon conserve la même structure en béton que celle de l'ensemble de la maison. Avec près de 9 mètres sous faîtage cette ossature effrayera, dans un premier temps, le baron de Soultrait qui l'assimilera à des « rampes de lancement ». Pour adoucir ce monolithe de béton, Claude Parent la recouvre d'ardoise à l'extérieur, suivant les désirs du propriétaire, et de bois lamellé à l'intérieur. Avec cette maison, l'architecte inaugure une série de projets inventifs dans lesquels le mode de vie de l'habitant et l'expression architecturale ont une place prépondérante.

Audrey Jeanroy

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