Claude Parent

Immeuble de bureaux, Libreville, 1973

« Cette étude symbolis[e] une tentative de l'architecture oblique pour investir la réalité […] l'oblique quitt[e] son splendide isolement théorique, elle entr[e] dans le siècle ». C'est ainsi que Claude Parent rapporte en 1981 dans son livre Entrelacs de l'oblique les propos de Bruno Zevi. Ce bâtiment-manifeste est un projet de concours perdu pour la société française d'extraction pétrolière Elf-Erap à Libreville. L'architecte propose un plan simple, tout en longueur, où se confrontent deux immeubles carrés de hauteurs différentes. La communication avec la rue se fait à l'aide d'un long pan incliné à la fois jardin public et espace de circulation pour les agents d'ELF et pour la population Librevilloise. Bien qu’apparaissant ouvert sur la ville, l’édifice présente tout un réseau – de circulation et d’espace – secondaire plus discret. Le bâtiment projeté sur sept niveaux prévoyait la réunion en un même ensemble des bureaux de l'entreprise pétrolière et des salles du Musée national des Arts et Traditions du Gabon. Le public et le privée se mêlent sans heurt dans cette structure haute (vision panoramique sur la ville et sur l'océan pour le musée au dernier étage) et enveloppante (jardin public). Les trois obliques de circulation, loin de cacher totalement les façades, laissent percevoir des élévations entières vitrées sur près de quatre niveaux seulement entrecoupées verticalement par de fins pans de béton. Théorie architecturale et urbaine, la Fonction oblique engage l’architecte dans une recherche de formes innovantes qui regroupent habitat et circulation dans une composition cohérente et ouverte sur l’extérieur. Si le projet permet à Claude Parent de s’exprimer, le dessin l’amène à creuser cette question de la forme juste comme le montre la série Les Assauts (1973) où une forme monolithique émergente se retrouve encerclée et prolongée par trois pans inclinés. Finalement c'est le projet de Lesne, Bernadac et Eliesco qui sera retenu. En écho à l'océan tout proche, ils construiront un bâtiment en forme de vague avec une façade inclinée d'environ 12%.

Audrey Jeanroy

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