Le groupe Amery, via sa filiale Amery-Berlin spécialisée dans le montage d'opérations immobilières en collaboration avec les services municipaux de la capitale allemande, propose à Claude Parent d'intervenir sur plusieurs projets de grande ampleur. Le groupe développe alors une stratégie ambitieuse qui s'appuie sur cinq principes directeurs : « des "signatures" architecturales, une étude d'impact et d'environnement approfondie, la volonté de mélanger les fonctions à l'intérieur d'un bâtiment – bureaux, logements, commerces – et de donner une dimension culturelle au projet, à travers la création d'espaces d'animation ». Alors que Jean Nouvel, ancien membre de l'agence Parent à la fin des années 1960, réalise dans la nouvelle capitale allemande réunifiée le magasin des Galeries Lafayette (Friedrichstrasse, 1991-1996) Claude Parent projette plusieurs immeubles de bureaux : Grolmannstrasse (SHOB : 4 940 m²), Linden Corso (SHOB : 46 578 m²), Kantstrasse (SHOB : 7 347 m²), Europa Center (SHOB : 5 128 m²) et Alexanderplatz. L'architecte décrit ses différentes inspirations : « Kantstrasse, un immeuble en cylindre, hommage à Mendelssohn, alternant présence et absence de modénature. Grolmannstrasse, une résille métallique à maille carrée. À l'Europa Center, un passage commercial parsemé de temples consacrés à Mercure, dieu du commerce. […] Quant au projet de restructuration de l'Alexanderplatz, […] je voulais créer une place là où n'existe qu'un vide distendu ». L'immeuble-ilôt Linden Corse se trouve, quant à lui, à l'angle de Friedrichstrasse et d'Unter den Linden, considéré comme les Champs-Elysées de l'ancien Berlin-Est. Le projet de Claude Parent devait s'élever à la place du Bauer café, haut lieu de la vie berlinoise avant la Première Guerre mondiale.
Audrey Jeanroy