Didier Marcel

Sans titre, 1999

C'est au moyen de la photographie que Didier Marcel regarde les architectures qui deviendront peut-être un jour des maquettes comme celles de la série Démolition (1992) dans laquelle sont montrés des bâtiments existants, proches du délabrement, issus de paysages suburbains (hangars, usines…). Dans cette photographie au cadrage serré, Didier Marcel s'attache à l'un des éléments les plus caractéristiques des grands immeubles qui, dans les années 1970 affichaient les signes d'une modernité « internationale » et fonctionnaliste : la façade. Sorte d’hommage à une architecture banale, cette photographie transforme l’objet premier par le biais de la prise de vue violemment oblique, par le gros plan et la réduction des couleurs au noir et blanc. Photographie d'un immeuble réel ou d'une maquette ? Marcel jette le trouble. Constituée d'éléments répétitifs, aux échelles parfois difficiles à apprécier, cette « façade » paraît surgir de nulle part, sans lien avec son contexte. Elle ne ressemble d'ailleurs plus à une façade d'immeuble : ses renfoncements se métamorphosent en boîtes strictement alignées et évoquent le cloisonnement froid et standardisé des espaces de Playtime de Jacques Tati. La forme de l'architecture disparaît ici au profit de la matière photographique elle-même.

Nadine Labedade

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