Langlands & Bell

Chambord/La Grande Arche de la Défense, 1992

Ensemble de trois sculptures en bas-relief, ce triptyque de Ben Langlands et Nikki Bell questionne le rapport complexe entre l’homme et l’architecture à travers les codes et les symboles de la société de consommation. Représentant les plans du château de Chambord et de la Grande Arche de la Défense, chaque plan est un dessin évidé, telle une oeuvre en négatif, qui révèle les ressemblances entre ces deux « grands projets ». Les deux bâtiments s’établissent en effet sur une trame régulière de cinq carrés de côté, et s’articulent autour d’une croix grecque, expression idéale et cérémonielle du plan centré (plan de Bramante pour St Pierre de Rome...). Symbole humaniste sur lequel plane l’ombre de l’Homme Vitruvien, leur plan modulaire véhicule aussi les emblèmes du pouvoir (Arc de Triomphe, Abbaye de Theleme...). Si les volumes de ces architectures monumentales dessinent et organisent le paysage alentour dans une volontaire autorité, l’oeuvre de Langlands&Bell révèle ainsi l’aspect tout aussi coercitif et idéologique du plan. Opérant une véritable transformation picturale de l’architecture, détournés en motif et ornement, les plans de ces bâtiments français renommés se transforment, à travers le triptyque de Ben Langlands et Nikki Bell, en de persistants logotypes. Langlands&Bell nous révèlent un monde qui, malgré sa constante évolution, conserve de manière latente les mêmes symboles. Exempte de leur valeur patrimoniale, ces architectures sont ici réduites à leur valeur conceptuelle et deviennent un outil universel de représentation, voire, de communication.

Lucy Hofbauer

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