Jan Kempenaers

Spomenik, 2007

Dans le cadre de son projet « Spomenik : The End of History », qui fait explicitement référence au célèbre ouvrage de Francis Fukuyama paru en 1992, le photographe Jan Kempenaers a sillonné l'ex-Yougoslavie pour saisir ce qui reste des nombreux monuments (spomenik) érigés sous le régime de Tito dans les années 1960-1970, en hommage à la résistance communiste à l'occupation nazie. Après l'agitation des guerres ethniques liées à l'effondrement de l'ex-Yougoslavie, ces monuments brutalistes d'une extrême diversité formelle ont été pour une grande partie détruits, tandis que d'autres sont restés à l'abandon. Situées en des sites stratégiques, lieux de batailles, camps de concentration, hôpitaux pour les partisans, ces sculptures monumentales, aux formes géométriques puissamment expressives, ont été construites en matériaux pérennes, telles des architectures, en béton armé, en acier ou en granit. Aujourd'hui incomprises des nouvelles générations, ces mémoriaux étranges, vidés des oripeaux de leur idéologie sociale et politique ainsi que de leur fonction commémorative, interrogent la façon dont un « objet » peut, après la « fin de l'histoire », accéder au statut de sculpture pure et autonome.

Nadine Labedade

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