Yona Friedman

Ville spatiale, 1959-1960

Principe imaginé dès 1959 par Yona Friedman, la Ville spatiale est une structure spatiale surélevée sur pilotis, qui peut enjamber des zones non constructibles ou même des villes existantes. « Cette technique permet un nouveau développement de l'urbanisme : celui de la ville tridimensionnelle ; il s'agit de multiplier la surface originale de la ville à l'aide de plans surélevés » (Friedman). La superposition des niveaux doit permettre de rassembler sur un même site une ville industrielle, une ville résidentielle ou commerciale. Les constructions doivent « toucher le sol en une surface minimum ; être démontables et déplaçables ; être transformables à volonté par l'habitant ». La Ville spatiale constitue ainsi ce que Yona Friedman nommera une « topographie artificielle » : une trame suspendue dans l'espace qui dessine une cartographie nouvelle du territoire à l'aide d'un réseau homogène continu et indéterminé. Cette maille modulaire autorisera une croissance sans limite de la ville au sein de cette mégastructure. Sur la grille ouverte viennent se greffer les habitations individuelles qui n’en occupent que la moitié, les « remplissages » devant alterner avec les « vides » ; l'ensemble a donc un rythme variable, dépendant des choix des habitants. « La force d'expression individuelle deviendra ainsi une composition au hasard (...) et la ville redevient ce qu'elle a toujours été : un théâtre de la vie quotidienne » (Friedman). Publié en France par Michel Ragon dès le début des années 1960, la Ville spatiale nourrit aujourd’hui encore l’imaginaire de nombreux artistes et architectes contemporains ainsi que les recherches les plus actuelles en matière d’architecture modulaire.

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