Didier Fiúza Faustino

One Square Meter House, 2002-2003

Ce projet interroge l’espace de la maison et le défi spéculatif que représentent les petits espaces dans les mégalopoles où la stratégie consiste à construire des bâtiments de grande capacité obligeant à miniaturiser les espaces, tels ces hôtels-capsules japonais où l’unité de couchage se réduit au strict minimum. C’est aussi l’idée de ce projet, mais qui vire au « mini-cauchemar ». Réalisée à l’échelle 1 : 1 Porte d’Ivry en 2007, dans le cadre d’une commande publique pour le tramway du sud de Paris, One Square Meter House (« Maison de 1 m») superpose sur 17 mètres de hauteur des coques en résine standardisées. S’agit-il d’une réplique de quelque habitat métaboliste, des tours d’habitations en plastique de Kurokawa ? Non, car Faustino y subvertit totalement l’idée d’habitabilité et d’évolutivité : les cellules n’y sont pas détachables ou modulables et l’habitant n’y décide pas de leur organisation en fonction de ses besoins. Ici, la superficie de 1 m2 contraint l’occupant dans un espace invivable, définitivement étriqué. La surface au plancher ne permet pas de s’allonger mais autorise seulement l’installation d’un escalier qu’il ne cesserait de monter et descendre. Ce rêve de maison est sensé, dit Faustino, « travailler l’individu dans ses pires travers » ; la maquette se double en effet d’une projection vidéo dans laquelle on voit le bâtiment « détruit en petits morceaux » avec, inscrit au-dessus de ces images, un slogan qui ne fait qu’en renforcer l’absurdité : « Lieu idéal pour se reposer après des jours passés à faire des relations publiques et des soirées en boîte de nuit. Votre maison, maintenant disponible dans une large gamme de prix : une surface au plancher de un mètre carré avec deux à cinq étages pour seulement le prix d’une parcelle. Choisissez votre standing. Incroyable ! ». One Square Meter House réactive aussi la question de la valeur relative du foncier dans le champ de l’architecture. Par sa verticalité et sa capacité à n’abriter qu’une seule personne, elle s’impose dans le paysage urbain comme figure totémique du narcissisme contemporain.

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