James Casebere

Portuguese Beach Front, 1990

Avec Subdivision close-up et Portuguese Beach Front, James Casebere aborde divers aspects de l’histoire de l’architecture des villes : d’une part, celle des habitats de banlieues qui saturent l’espace par répétition abusive d’une même structure « boîte » ; d’autre part, celle d’un événement tragique oublié de tous aujourd’hui, le raz-de-marée qui dévasta un petit village portugais au XVIe siècle. L'artiste cherche à inquiéter nos rapports à la culture à travers l’image récurrente de la destruction et de l'absence. Le grand format des photographies qui monumentalise la maquette jette un trouble quant à la véracité de ces espaces reproduits. Cependant, les matériaux pauvres employés à l'élaboration des « doubles » tridimensionnels ne mentent pas sur leur nature : mousse ou papier se donnent à voir dans leur précarité et leur force suggestive comme au théâtre ou au cinéma. Casebere combine d'ailleurs souvent plusieurs lieux en un seul, éloignant définitivement la maquette de son modèle original. Le lent travail méticuleux de fabrication et de mise en scène aboutit à une telle évidence des espaces que ceux-ci en exhibent clairement les signes dont l'institution les a chargés. « Je pensais aux différentes façons d'utiliser la photographie pour manipuler notre compréhension de l'histoire et de la réalité – ce qui est vrai et ce qui est faux, le subjectif confronté à la vérité objective... et la façon dont l'individu appréhende l'histoire sociale... J'ai essayé de créer des images qui illustraient le plus largement possible les institutions sociales qui représentent notre culture » explique l'artiste.

Nadine Labedade

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