Avec Jacques Guillot
Construit dans le cadre des Grands Travaux sous la présidence de François Mitterrand, Le Magasin est la première opération ayant contribué à « rendre visible » Patrick Bouchain, à identifier l’architecte derrière le scénographe. En 1985, la Ville de Grenoble et l’État souhaitent créer un centre d’art contemporain dans la Halle Bouchayer-Viallet, dans un délai et un budget très serrés. Devant les difficultés financières liées à l’adaptation de ce hangar industriel aux normes muséales, P. Bouchain propose à Jacques Guillot (futur directeur) une solution radicale : « ne rien faire ». Rendre le lieu conforme aux exigences de sécurité, mais limiter les transformations au strict minimum, en construisant de simples « boîtes muséales autonomes » sous la verrière historique, conservée en l’état. Inauguré en avril 1986 par François Léotard, Le Magasin marque l’histoire culturelle française, comme l’un des premiers centres d’art installé dans une friche industrielle et comme l’une des premières écoles européennes à dispenser un enseignement de commissariat d’exposition. S’il a pu influencer le courant des « friches artistiques » et toute une génération d’architectes dans son approche légère et alternative de la construction (jusqu’à Anne Lacaton et Philippe Vassal pour le Palais de Tokyo à Paris), Le Magasin inaugure pour Patrick Bouchain une longue série d’opérations de « reconversion », toujours au service des artistes et fondées sur une extrême économie de moyens : « Consolider plutôt que réparer, réparer plutôt que restaurer, restaurer plutôt que refaire, refaire plutôt qu’embellir. » (P. Bouchain)
