Patrick Bouchain

La Condition publique, Roubaix, 2000-2004

Avec Liliana Motta et Nicole Concordet

La Condition Publique de Roubaix a contrôlé, stocké et conditionné la laine, le coton et la soie de 1902 à 1972. Acquis par la Métropole de Lille en 2000, l’édifice a fait l’objet d’un programme de réhabilitation pour devenir une manufacture culturelle, lieu de vie, de travail et de diffusion artistique. Les aménagements ont été menés en s’attachant à préserver la mémoire et l’originalité du site marqué par ses façades (classées à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques), ses toits végétalisés et sa rue intérieure – propice à faire de cette opération de transformation un « chantier culturel » permanent. L’expérimentation devait porter essentiellement sur le traitement des toitures en béton armé. Recouvertes de sable et de gravier, les dalles plates avaient, au fil du temps, amassé des végétaux mélangés à la poussière urbaine, produisant un substrat fertile. Cette prairie était devenue un conservatoire de l’histoire industrielle, grâce à ce que le vent, les ballots de laine et la pollution y avaient déposé. Le programme culturel s’est ainsi s’enrichi d’une dimension poétique et scientifique insoupçonnée, portée par l’artiste botaniste Liliana Motta, en lien avec l’Université de Lille-III et son département « biologie et environnement » spécialisé dans la reconquête des terrils. « Cette végétation s’avérait non seulement très diverse, mais liée à l’immigration. Il était intéressant de constater qu’à Roubaix, où beaucoup de communautés étrangères ont fait florès, les plantes aussi proviennent d’ailleurs ; nous avons décidé de garder cette terre historique, d’en faire l’inventaire et le classement, afin de sauvegarder la trace de ces migrations » (P. Bouchain).

partager sur ou