La Ferme du Bonheur a été fondée à l’hiver 1992-1993 par Roger des Prés, artiste et ancien acteur de la scène « rock alternative » des années 1980. Située au flanc de l’Université Paris-X Nanterre, sur un terrain désaffecté que Gilles Clément et Patrick Bouchain avaient observé dans le cadre de l'Atelier de la Forêt des Délaissés, la Ferme est un manifeste, selon Patrick Bouchain, de ce que construire engage et signifie. Façonnée par son contexte, bricolée et transformée par les hasards et les mouvements de la vie, elle est une installation, une « zone franche » qui accueille indifféremment les publics avertis et les exclus. Entre les cités et l'autoroute, parmi les ruches et les chèvres, la Ferme du Bonheur pratique avec la même exigence la culture sous toutes ses formes (théâtre, musique, danse, cinéma, arts plastiques), l’agriculture expérimentale, la gastronomie, la recherche scientifique, l’action sociale, la pédagogie. « J’ai aidé Roger à construire sa ferme et son favela théâtre, parce qu’il est celui qui met le mieux en lumière l’ensemble des problèmes de la création et de l’architecture. Tout ce que la société met en place d’absurde et de contradictoire, Roger le révèle… Comment par exemple obtenir des subventions quand vous n’avez pas d’adresse parce que vous habitez un terrain délaissé ?… Roger ne prétend pas être un homme de spectacle ; son œuvre, c’est d’être là, sur le terrain, et éventuellement de faire du fromage de chèvre, d’aller le vendre au marché, d’accueillir les gens, de leur offrir à manger, et puis de leur lire Giono, Genet, ou Dostoïevski… » (Patrick Bouchain).
