Aristide Antonas

The House for doing nothing, 2008

Développée depuis 2008 par Aristide Antonas, ce projet est né d’une lecture de l’ouvrage Violence: Six Sideways Reflections (2008) du philosophe slovène Slavoj Zizek. Dans celui-ci, l’auteur invite à résister à toute forme d’engagement dans le monde et à s’en retirer pour établir une distance critique. Aristide Antonas considère quant à lui cette forme de « repli sur soi » non pas comme une posture héroïque de résistance mais bien comme le fondement de notre rapport actuel au quotidien et au réel. Composé d’une multitude de sous-projets, The House for Doing Nothing dessine sur le mode du récit et de la fiction le cadre de vie de ce protagoniste – héros ou simple homme du commun. À l’ère de l’hyperconnectivité, la condition domestique est désormais traversée par une forme de paradoxe : « être chez soi » revient en même temps à être connecté au monde. L’individu n’y est plus isolé de la sphère publique. Au contraire, c’est ce repli sur soi qui vient désormais structurer la sphère sociale. La maison est devenue une interface mêlant sphère privée et sphère publique, et où se révèle la crise profonde traversée par les notions traditionnelles de « soi », de « communauté » et de «société». C’est cette nouvelle nature de la maison – et donc de l’Homme – qu’Aristide Antonas entend interroger avec The House for Doing Nothing, en questionnant le rôle, voire la responsabilité politique de la condition domestique.

The narrative of the flying floor (« Le récit du sol volant ») est une installation composée de deux maquettes à l’échelle 1:2 réalisées en 2017 à l’occasion de la première Biennale d’Architecture d’Orléans. Elle prolonge les recherches de l’architecte sur le lit comme élément fondamental de la maison. Selon Antonas, le foyer domestique a été le théâtre d’un conflit latent au cours de la formation moderne des villes, opposant deux meubles essentiels : le lit et la table, qui en est sortie perdante. Le lit a endossé le rôle de « cellule urbaine » minimale, et déployé une multitude d’extensions pour former un système. Aristide Antonas envisage dès lors la ville d’aujourd’hui comme un « village-infrastructure » au sein duquel les différents niveaux de vie domestique se résumeraient à différentes déclinaisons du lit.


Le cycle que décrit The House for Doing Nothing semble parfois construit sur une île déserte. La vidéo Confinement in Landscape montre, à travers un lent travelling silencieux, une représentation de ce désert. Le film est réalisé sur une partie de l’île d’Hydra et révèle ainsi un fort contraste avec l’image que nous avons des zones touristiques de l’île. Loin d’être une invitation pour le royaume de l’exotisme, cette vidéo incarne bien au contraire l’affirmation de la banalité de la condition exotique : ce voyage exotique que constitue le « repli sur soi » est, dans une société hyperconnectée, une habitude presque banale de nos villes.

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