Coop Himmelb(l)au

Open House, 1983-1992

Le projet de l’Open House, icône de l’architecture de la déconstruction, apparaît en 1984 sur la couverture du catalogue Architecture is Now (Rizzoli). L’Open House manifeste le concept d’« architecture ouverte » prôné par Coop Himmelb(l)au : « L’architecture ouverte ne signifie pas que la maison n’a pas de fenêtres, de portes ou qu’elle est transparente. Pour nous, architecture ouverte signifie esprit ouvert ». Renouant avec l’écriture automatique des surréalistes, la maison est née d’un croquis conçu les yeux fermés (appelé psychogramme), selon un processus spontané où la main, tel un sismographe, enregistre et transcrit des sentiments et émotions forts que le bâtiment, à son tour, devra éveiller. Construire, dès lors, consiste à retenir l’énergie du croquis original : façades et coupes, intérieur et extérieur sont pensés en même temps et se superposent comme des vues radiographiques. Les différentes maquettes procèdent d’une démarche de rationalisation de la forme et de prise en compte des aspects pratiques du projet. Les formes de cette maison de 100 m² au sol semblent distordues, assemblées en des configurations inattendues et singulières : les parois sont rompues de manière contrapuntique, le toit est une masse volante ouverte sur le ciel, telle une forme gonflée par le vent. Dissymétrique, on y accède par l’arrière, depuis un escalier qui en perce la sous-face. La dilution des limites entre intérieur et extérieur, l’impression d’inachèvement, la complexité spatiale rendent cette maison vivante, presque mouvante.

Nadine Labedade

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