Guy Rottier

Maisons enterrées, 1965

Entre 1965 et 1978, Guy Rottier développe la série des Maisons enterrées, projets prospectifs et alternatifs nés d’une analyse de l’architecture traditionnelle de terre. Ce principe constructif apporte de vraies réponses peu onéreuses au problème du logement des années 1960 : matériaux industrialisés, récupération, gain d’espace. Ces architectures « paysages » ne sont cependant ni en terre, ni creusées dans le sol, mais recouvertes de la terre retirée pour les fondations, puis de gazon, de terrasses ou de tout autre élément de couverture. L’ossature, composée de « tunnels », résulte de l’assemblage d’anneaux en béton industrialisés suivant le principe du jeu de dominos, recouverts ensuite de terre ou autre et assurant aux espaces une parfaite étanchéité thermique et phonique. Pour le sculpteur Arman, Rottier construit en 1968 une maison enfouie sous la terre dont l’espace du séjour se dilate par sa large ouverture sur la nature et par la présence de poteaux habillés de miroirs qui complexifient les relations entre le dedans et le dehors. Rompant avec l’idée de façade, les maisons ne sont plus définies par des pans de murs mais par le prolongement du sol sur l’habitat, terrain formant toit, transformant la maison en jardin que l’habitant peut aménager à sa guise. Autour de ce principe de construction relativement simple et extrêmement modulable, Guy Rottier a conçu un grand nombre de maisons, différentes dans les structures comme dans les revêtements de surface. Maison enterrée « Soleil » ou « Terrasses en eau » recouverte d’eau… autant de variations sur un même thème, qui révèlent la fertilité de l'imaginaire de Rottier et sollicitent celui des futurs utilisateurs. Particulièrement ironique, la Maison enterrée « Architecture d’occasion » est entièrement recouverte de carcasses de voitures, déchets de nos sociétés industrialisées devenant espace d’habitation.

Nadine Labedade

 

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