Gianni Pettena

45 Miles Red Line (Following the City Limits), 1972

D’avril 1971 à mars 1972, Pettena réalise trois performances avec ses étudiants en architecture de l’université de l’Utah où il est alors professeur invité : Clay House, Tumbleweeds Catcher et Red Line. Intitulé The Salt Lake Trilogy, ce projet était envisagé comme une « trilogie de lecture métaphorique des contradictions de la ville contemporaine » (Gianni Pettena).

Réalisée en février et mars 1972, Red Line termine le cycle de performances de l’artiste. Afin d’offrir une « visualisation des limites administratives de la ville », il trace une ligne rouge continue au milieu de la route sur 45 kilomètres en partant de l’université. La performance, qui évoque certaines œuvres d’artistes conceptuels (Douglas Huebler ou Jan Dibbets), fut documentée par des photographies et un film ainsi qu’une carte de la ville sur laquelle est reporté le tracé géométrique de la ligne rouge. Carte, tracé sur la carte et marquage du territoire ont permis à Pettena d'intervenir dans le champ du réel, sans produire d'objet supplémentaire. Proche des marques dans le paysage de Richard Long (Walking a Line in Peru, 1972), des tracés dans la neige de Dennis Oppenheim (Time Line, 1968) ou dans le désert de Walter de Maria, Red Line établit un nouveau cadre de perception, qui se tient aux limites de la ville, à proximité de la nature qui s'étend au-delà. Entre nature et architecture, ville et campagne, la ligne rouge rend visibles les frontières qui structurent notre champ mental de perception. Elle modifie notre appréhension de l'espace, sans être ni objet ni langage, tout juste un signe.

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