En 1980, Shoei Yoh entame sur l’île de Kyushu une série de maisons marquées par des volumes aux multiples incisions, générant des dispositifs spatiaux orchestrés par l’incidence des rayons lumineux : la lumière crée des espaces avant tout immatériels. L’espace habitable se fait microcosme, réceptacle du ciel et de ses variations. Construite à partir de 1993, cette maison combine, en une suite logique et continue, six cubes d’échelles différentes de 2, 3, 4, 5, 6 et 7 mètres de côté s’enroulant les uns dans les autres en spirale, le plus petit au centre – en réalité un vide déduit de l’agencement orthogonal de quatre autres cubes, équivalent à environ deux tatamis. Cette progression favorise ainsi la perception d’une expansion quasi cosmologique de l’espace. Sensible aux changements du temps, aux saisons, la maison aspire, non pas à l’expression physique du bâtiment, mais à son « impermanence ». Elle se fait métaphore de l’éphémère, non pas parce qu’elle est vouée à une durée limitée, mais parce que son image varie sans cesse.
Nadine Labedade