MAIO (Guillermo López, Alfredo Lérida, Anna Puigjaner & Maria Charneco)

Drapeaux de la première édition de la Biennale d'Architecture d'Orléans, 2017

« L’architecture agit comme un doppelgänger. Projets bâtis et non bâtis, créations réelles et imaginaires coexistent. C’est là toute la dualité de l’architecture. Au-delà de la dimension physique, la représentation est une base attendant sa traduction prochaine en une matière bâtie, ou en de nouveaux dessins ou textes dont les analogies laisseraient entrevoir la question de l’architecture comme un tout cohérent.

Comme c’est le cas dans les rêveries, les hallucinations ou encore les Fata Morgana, images et représentations peuvent rassembler des corps et des objets existants ou non, et les unifier en un même monde. Dans La Bibliothèque de Babel de Borges, tous les livres possibles, tant écrits que non écrits, réels qu’imaginaires, existent côte à côte. De la même manière on pourrait envisager un monde architectural, un plan infini, un lieu imaginaire où, à l’image de la bibliothèque de Borges, tous les projets architecturaux existants et non existants feraient front commun.

Le plan, nous avons tenté d’en dessiner un micro-fragment – une portion infinitésimale de notre contribution à ce monde dans lequel entités bâties et non bâties cohabitent pour former un paysage sans fin d’éléments architecturaux.

— L’entrée : il existe plusieurs portes d’entrée vers les lieux imaginaires. Quelque part dans Oxford un terrier de lapin permet d’accéder au pays des merveilles, là où pour rejoindre les contrées du Rêve de Lovecraft, un dormeur doit descendre les 70 marches d’un escalier peu commun afin d’affronter le jugement des gardiens. Les accès à ces mondes imaginaires sont souvent cachés ou difficiles à atteindre, et disparaissent généralement sans laisser de traces aussitôt que quelqu’un s’y introduit sans y être autorisé. Une fois à l’intérieur, les personnages dérivent au gré d’objets, de lieux, de paysages magiques aux formes diverses.

— Les folies : comme c’est le cas dans certains jardins à l’anglaise, les lieux imaginaires se caractérisent souvent par un ensemble de points de repère qui font office de jalons définissant un réseau de références, comme dans le Songe de Poliphile, où le personnage principal suit l'objet de son amour à travers une forêt sauvage peuplée de folies architecturales. De tels éléments géographiques, naturels ou architecturaux, définissent un paysage, un archipel d’objets prêts à l’action. Attendant qu’une histoire s’écrive.

— Le catalogue & la carte : vus du dessus, ces points de repère peuvent être interprétés comme un catalogue d’éléments, susceptibles d’être décrits et organisés selon un ensemble de règles ou d’attributs. Le plan devient ainsi lisible. Le visiteur, le lecteur, peut se frayer un chemin en toute conscience des dangers, mais également des raccourcis qu’offre le territoire.

— Le labyrinthe : mais parfois, vu du sol sans une perspective suffisamment large, le visiteur a du mal à saisir la logique du paysage. L’architecture devient alors un dédale sans la moindre issue accessible.

— La sortie : voir Le labyrinthe. »

MAIO

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