Lucia Koch

Light Corrections : Les Turbulences, 2017

Et si l’on pouvait imprégner l’atmosphère du rêve d’un autre, d’une lumière ou d’une humeur différente ? Et à la différence de tout ce qui n’est jamais partagé dans le rêve, que se passe-t-il lorsque nous sommes éveillés et que nous vivons ensemble l’expérience d’un changement immatériel, mais réel ?

Chacune des trois tours déformées conçues pour les Turbulences présente à son extrémité une ouverture absorbant la lumière du soleil depuis un angle distinct, définissant ainsi trois espaces qui viennent s’afficher organiquement à l’intérieur du vestibule. Pour les corrections de la lumière que j’ai imaginé y apporter, chaque espace du hall d’entrée verrait sa lucarne entièrement recouverte d’un filtre dégradé, permettant de diffuser et de projeter sur toutes les surfaces, objets et individus des ombres colorées, de même qu’une masse d’air teintée d’une couleur instable.

La structure située à l'est s’illuminerait de nuances bleutées et ambrées qui pourraient être perçues comme naturelles si elles n’étaient pas aussi sursaturées, d’une sorte de coucher de soleil pollué où la saleté vient donner plus d’épaisseur à la couleur. La plus petite Turbulence baignerait dans une lumière à haute et basse fréquence, où ondes longues et ondes courtes vibreraient du rouge à un violet profond pensé pour inviter les visiteurs à se reposer, faire connaissance ou simplement y rester. Dans une humeur propice à la convivialité.

Sous la plus haute lucarne se trouve la zone d’ombre, où la lumière naturelle serait atténuée par un filtre violet foncé qui se fondrait dans un cyan, préparant l’espace en vue de projections de vidéos : tout autant de sources de lumière et d’images amenées à scintiller.

Concevoir l’autre sous une lumière transformée, c’est s’ouvrir à toutes sortes d'humeurs et de sentiments. Y compris à une part de drame et de mélancolie. D’une lumière ambiante confortable ou plus chaude à une atmosphère plus artificielle ou plus étrange, la largeur du spectre pourrait être plus facilement évoquée au moyen de transitions de couleur que par l’utilisation de filtres monochromatiques.

Lucia Koch

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