AMID.CERO9 (Efrén Garcia Grinda & Cristina Diaz Moreno)

Drapeaux de la première édition de la Biennale d'Architecture d'Orléans, 2017

« Nocturnalia est une cité-État au sein de laquelle le repos nocturne est partagé et publiquement pratiqué comme la dernière forme possible d’acte public et de résistance à une vie en proie au processus machinique d’exploitation de notre existence éveillée. Aucune maison, aucun foyer, ni aucun appartement n’existe nulle part ailleurs dans la ville. Nocturnalia est une civilisation sans domiciles, une ville où ce qui était jadis connu comme l’espace domestique a cessé d’exister, et où dormir en public, loin d’un malaise social ou d’un comportement inapproprié, représente le dernier bastion de la vraie vie. Chaque soir, ses habitants marchent une heure durant maximum en direction de l’entrée de la ville, afin d’y accomplir l’ultime, l’étrange rituel de dormir à nouveau, jour après jour, ensemble.

Le temps de sommeil est la dernière frontière biologique qui résiste encore à l’exploitation économique du moindre aspect de nos vies, de nos amitiés à notre travail et nos loisirs, dans un tourbillon incessant de productivité et de connectivité. La logique biologique des rythmes circadiens de nos corps rejette obstinément le temps accéléré, homogène et infini des marchés mondiaux et de l’informatique ubiquitaire, au sein desquels tout arrêt ou ralentissement signifie une suspension, une apnée de ce besoin permanent d’exploiter tout et tous ceux qui nous entourent. Le repos nocturne oppose à cela une résistance silencieuse, une sorte de maladie incurable de la conscience.

On pratique de nouveau dans Nocturnalia le sommeil fractionné, au sein du vaste espace sphérique qui n’est équipé d’aucune lumière artificielle ou connexion de quelque sorte. L’intérieur doré ne possède ni coin, ni cloison, et la seule source de lumière provient d’une petite ouverture située face au soleil levant, qui chaque matin réveille toute la population dormant ensemble, en public. Les effets réparateurs du repos sont célébrés en tant qu’acte public, au cours desquels les peurs et les horreurs associées à l’obscurité et à la vulnérabilité du sommeil se dissolvent en une confiance mutuelle et une convivialité d’un genre nouveau, à la fois étrange et narcotique.

Nocturnalia Flag met en scène l’expérience de réveil de ce sommeil collectif, à travers une série de cercles noirs à l’intérieur de cercles, pour certains à l’intérieur de carrés. Ces formes qui rappellent les plans préliminaires de la fondation de la ville, composés d’un paysage augmenté circulaire et continu protégé par un voile, entourant le mystérieux baptistère vide dont l’immense intérieur doré accueille la pratique du sommeil collectif. »

amid.cero9

partager sur ou