Daniel Widrig

Architecte (1980)

Daniel Widrig fonde son studio à Londres en 2009, après plusieurs années de travail au sein de l'agence Zaha Hadid Architects. Sa participation à une grande variété de projets, dont certains d'envergure (Istanbul Masterplan, 2006 ; Abu Dhabi Performing Arts Center, 2007), lui confère la capacité de croiser des échelles et des champs disciplinaires divers, conjuguant l'architecture (Duhamel, Saarlouis, 2011), le mobilier, la sculpture et la mode (au travers de nombreuses collaborations avec Iris van Herpen). Très tôt, Widrig est reconnu pour sa maîtrise et son utilisation prospective des outils numériques, qui lui valent le titre de Maya Master (2009). Le recours à des procédures de simulation informatique s'abstraie chez lui de toute tentation / ambition de formalisation précise du vivant pour s'inscrire dans une recherche d'ordre plastique, où l'expérimentation s’opère dans un dialogue entre moyens digitaux et analogues. Au biomimétisme, Widrig préfère la complexité tectonique et matérielle qu'autorise les processus de recherche de forme, comme pour la chaise en bois Brazil No. 2 (2009) dont les bifurcations structurelles définissent un ensemble d'une grande fluidité. Ces procédures contrôlées donnent corps à des généalogies hylémorphiques qui intègrent une part d'imprécision. À l'inverse de l'optimisation qui leur est inhérente, les structures récursives ainsi produites semblent dégénérer (De-optimised Chair, 2012); la matière s'amalgame, se boursoufle ou s'affine pour produire des artefacts mutants tels Grid (2012) ; elle s'infléchit et fluctue pour générer les colliers de l'ensemble Kinesis (2012) – proches des modèles créés avec van Herpen pour la collection Escapism (2011) –, ou la sculpture The Art and Science of Supernatural Motion (2013). Les Tower Studies étudient ces mêmes comportements matériaux à l'échelle architecturale, renforçant encore le flou instauré à petite échelle entre structure et ornement. Parallèlement à sa recherche, Widrig enseigne à la Bartlett School of Architecture (UCL). Primé (Swiss Arts Award, Feidad Merit Award et Prix de Rome), son travail a été largement exposé, notamment à Art Basel, au Gropius Bau Berlin, au Victoria & Albert Museum et au Salone del mobile (Milano, 2013).

Emmanuelle Chiappone-Piriou

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