Conçues à partir de 1967 dans le cadre du Système déséquilibrant, les « immersions » se donnent comme des micro-espaces coupant momentanément l’individu du monde extérieur en le recentrant sur lui-même. Ces dispositifs prennent la forme d’une épreuve, accentuant le phénomène d’isolation et créant des phénomènes sensitifs violents. Le Colpo di Vento (Immersione « Una boccata d’ossigeno ») confronte ainsi l’individu à la béance du trou noir. Engouffrant sa tête dans un obscur tube de métal comme on s’enfonce dans un tunnel, l’individu actionne un pistolet relié à une bouteille d’oxygène, et reçoit aussitôt une décharge d’air frais au visage, dans un bruit assourdissant. Ce mouvement paradoxal, visant à s’infliger par une arme « une bouffée d’oxygène », constitue pour La Pietra un « conflit bénéfique » : l’artiste exacerbe et met en abyme le sentiment de claustration qui définit selon lui le rapport de l’individu au monde, pour susciter un sursaut de la conscience.
Aurélien Vernant