SITE (James Wines)

Indeterminate Façade, BEST, Houston, Texas, 1975

Deuxième bâtiment de la série construite entre 1971 et 1984 pour la Best Products Company, Indeterminate Façade à Houston semble suspendu entre construction et démolition. La cascade de briques qui déferle du mur envahit l'espace public de la rue et inocule à l'architecture la dimension fugace du temps. Les passants se voient ainsi impliqués dans une confrontation tout à la fois physique et psychologique à un bâtiment, qui ressort à la fois du passé (bâtiment en ruines) et du futur (construction en cours). Dans les magasins qu’il réalise pour la Best, le « bâtiment est changé très peu physiquement, mais beaucoup psychologiquement » dira Wines. Cette ambiguïté revendiquée évoque les théories de Robert Venturi, par exemple la notion de decorated shed (« hangar décoré », qui sépare la façade de la maison, comme dans les magasins Best) ou de Charles Jencks. De même, l’architecture de Wines procède par dissociation, fragmentation. Se remémorant les textes de Carl Jung sur la logique du rêve, Wines convoque l'irrationnel et l'équivoque. Il fait de l'architecture un « moyen de critique architecturale », puisant dans l'imagerie de la publicité, les sitcoms, la musique rock, la culture junk, tout comme dans l’hétérogénéité du contexte. « Le contexte est le contenu » écrit Wines, qui présentera ce bâtiment Best comme « le premier équivalent architectural d'un ready-made assisté », « une œuvre d'art ‘composée’ (et seulement indéterminée d'un point de vue iconographique) qui se rapporte à une interprétation linguistique de l'architecture plus que formelle ». « Inclusion, inversion, indétermination et hasard » sont pour lui les principes de l'œuvre d'art, du bâtiment, de l'œuvre publique.

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