Guy Rottier

Maison éolienne, 1979

A partir des années 1950, la question de la mobilité s’impose dans le champ de l’architecture et de l’urbanisme. Guy Rottier oriente dès cette époque ses recherches sur l’architecture de vacances, alors peu réglementée. Il élabore des projets inédits, en accord avec l’esprit de liberté, d’innovation et d’aventure, emblématique des années 1960 : « Pourquoi sacrifier des champs, des bords de mer ou des forêts pour y implanter des habitations en faux style régional qui ne sont utilisées que le temps d’une saison ? Il m’a semblé nécessaire de réagir contre cet état de fait déplorable, à partir d’une définition moderne et nouvelle de ce que peut être une véritable maison de vacances à l’époque du tourisme de masse ». Occupée seulement un mois par an, la maison de vacances se doit donc de répondre à d’autres logiques spatiales et économiques. La Maison Eolienne exprime clairement cette recherche, indissociable pour Rottier d’une dimension à la fois ludique et poétique. S’inspirant des petits moulins en papier que se fabriquent les enfants, la maison est posée sur l’eau d’un lac. Elle tourne doucement grâce à une ancre fixée au centre et laisse découvrir, à chaque tour, le paysage sur 360°. Protestant contre les lois draconiennes qui entravent toute expression libre en architecture, Rottier revendique le libre choix du site, des matériaux de construction, et la suppression des commissions d'esthétique et des sites. La Maison Eolienne transgresse ainsi, comme le faisaient déjà les maisons suspendues ou enterrées, la surveillance des institutions officielles et l’obligation du permis de construire.

Nadine Labedade

partager sur ou