Jean Renaudie

Vaudreuil, 1967-1968

À la fin des années 1960 est confiée à l’Atelier de Montrouge une étude de préfiguration pour l’implantation d’une ville nouvelle sur le site du Vaudreuil, le long de la Seine entre Paris et Rouen, destinée à accueillir 100 000 habitants. Celle-ci constituera un tournant dans la carrière de Jean Renaudie et entrainera la rupture avec ses associés. Le projet remis par l’Atelier de Montrouge comprend trois propositions. Les deux premières occupent la vallée de la Seine sur un principe de trame obéissant à une abstraction rigoureuse, rassemblant les différentes fonctions dans un tissé dense. Pour la troisième proposition, Renaudie fait cavalier seul et développe toute l’étendue et la richesse d’une pensée qui envisage l’architecture comme la « matérialisation de la structure complexe sur laquelle s'organisent les relations humaines (...) exploitation du désir de rêve, (...) forme physique qui enveloppe la vie des hommes dans toute la complexité de leurs relations avec leur milieu ». L’architecte imagine un principe de terrasses épousant la pente et les cirques des falaises. Les représentations en coupes et les perspectives, absentes des deux autres propositions, soulignent l’appropriation du relief par la ville. Mais l’audace de sa proposition se révèle surtout dans ses dessins en plan, particulièrement abstraits, marqués peut-être par l’esprit pop ou par les instruments de dessin typiques de l’époque (feutres de couleurs, « zip-a-ton », etc.). Expressions graphiques d’une pensée en action, ils rompent radicalement avec la représentation architecturale traditionnelle : roues crantées, disques et couleurs illustrent le tissu de relations ainsi que les différents niveaux de réalité qui donneront corps à la ville, son « organisation abstraite ».

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