Philippe Rahm

Mollier Houses, 2005

Dans le projet Mollier Houses (2005), maisons de vacances prévues sur le lac de Vassivière dans le Limousin, Philippe Rahm prend en compte le taux d’humidité de l’air, sa gestion dans l’habitat et sa température. Ici, les répartitions d’espaces ne répondent pas à la planification traditionnelle jour/nuit, intime/public, mais à des logiques tirées de constituants sensuels et physiologiques. La vapeur d'eau qu’un habitant produit dépend de son activité dans l'espace où il se trouve et de la fonction de ce lieu (par exemple, une personne endormie produit quatre fois moins de vapeur d'eau qu'une autre en activité ; l'habitant utilise de l'eau chaude, etc.). Plutôt que de résoudre les problèmes d'humidité par les seuls systèmes de ventilation habituels, Rahm forme les espaces à partir de la variation des taux d’humidité, du plus sec au plus humide, de 20% à 100% d’humidité relative. « C’est dans la teneur en vapeur d’eau que prend corps la qualité de l’architecture, comme l’immersion réelle et charnelle du corps des habitants dans le corps humide et variable de l’espace ». Rahm s'inspire alors du diagramme de Mollier, utilisé en thermodynamique pour mesurer les accroissements d'énergie produits par une variation de température ou de changement d'état d'un fluide. Il le traduit spatialement par une stratification hygrométrique et par des correspondances programmatiques, où un même espace peut accueillir des fonctions à priori différentes. Refusant une programmation fonctionnelle fixe de l’espace, Rahm propose des espaces variables, plus ou moins secs, plus ou moins humides à occuper librement selon les moments de l'année. Le projet étend aussi la stratification hygrométrique au-delà de la maison, cette fois au paysage, faisant de la présence physique de l’eau du lac une pièce potentielle, à 100% d’humidité.

Nadine Labedade

partager sur ou