François Roche New-Territories (S/he)

Shadow and light, 1990-1995

Dans ce projet conçu dans le cadre du concours pour le centre culturel du Japon situé à Paris en bord de Seine et prévu pour occuper quelque 2000 m2, « les espaces se jouent des oppositions d’atmosphères, de lumières, de matières et de sonorités : caverneux, sombre, mou, humide, sensoriel, pour l'un et cristallin, froid, lumineux, sec, technologique, pour l'autre ; entre la reconstitution expressionniste d'un piton rocheux et la “ neutralité moderne ” d'une boîte de verre, l'image même d'une dualité culturelle » (F. Roche). Le piton se donne comme le « simulacre des apparences en plein Paris », « un fragment miniaturisé du territoire japonais doublé d'un caisson sensoriel artificiel ». Le volume de verre est cette « double peau de transparence et de miroirs à l'hygiène caricaturale revendiquée ». À « la fadeur hygiéniste d'une boîte de verre », s'oppose ainsi un « morceau de rocher creusé d'une caverne, géologique, organique ». Ce projet est à la fois précurseur de la démarche de Roche, dans laquelle l’architecture viendra s’inscrire à l’intérieur d’une expérience critique qui opère une mutation des paramètres contextuels, mais aussi de tout un courant qui, dans les années 1990, s’orientera vers une forme de « végétalisation » de l’architecture, formalisant les idées de Roche. Puisque ici il ne s’agit pas d’un recours prothétique à la nature, mais de la quête d’un « plan d’immanence » pour l’architecture, qui, comme l’écrivait Deleuze sur Spinoza, s’agence à travers « la vitesse ou la lenteur des métabolismes », articule « sociabilités et communautés », « catatonies figées et mouvements accélérés, éléments non formés, affects non subjectivisés ». Le sujet a fait place aux dynamiques individuées, et la mimesis est devenue une méthode d’inventio ou comment produire de la transitivité. À la recherche des émergences modales, des affects des organismes, le corps de l’architecture se morfond désormais dans ses mues plurielles (urbaines, naturelles, sociales, individuelles, catastrophiques ou vitalistes), et demeurera inachevé dans sa temporalité, toujours « affecté » par la multiplicité des « autres » (sujets ou objets).

Nadine Labedade

« Scénario : 
1) Schyzophrenie entre Shinto et Manga :
- Un machin caverneux, sombre, mou, humide, sensoriel et odorant... où les harpis et les legendes se claquemurent dans un silence assourdissant...  
- Une zone cristalline, froide, lumineuse, seche et technologique, lieu des envolèes positivistes et hygienistes / “play time” sans mister Tati... / 
2) Zapping individuel d’une perception schizoïde, dualité de programmation, ambivalences, substances Shintoïstes et Technoïdes. »

New-Territories (S/he)

partager sur ou