Manfredi Nicoletti

Helycoidal Skyscraper & New York Crescent Project, 1968-1973

Commandé par la Philadelphia Field Company, ce projet d’urbanisme de 60 hectares propose d'étendre sur l'eau le quartier du New York Downtown, c'est-à-dire la pointe sud de Manhattan qui, dans les années 1950-1960, connaît une importante crise financière et démographique. Dominé par un gratte-ciel hélicoïdal de 565 mètres de hauteur, le projet de Nicoletti regroupe deux pôles séparés par un grand lac artificiel : un centre d’affaires (la tour de bureaux) et des skyshells, immeubles d'appartements et hôtels en forme d'amphithéâtres avec terrasse-jardin et pouvant accueillir 80 000 personnes. Développée jusque dans ses moindres détails, la structure tripartite en spirale de la mégastructure, qui s'élance avec vigueur et légèreté dans le ciel de New York, est essentiellement calculée pour minimiser la prise au vent. En collaboration avec l'ingénieur italien Sergio Musmeci, Manfredi Nicoletti s'inspire de deux choses : la technologie des ponts suspendus d'une part, et les membres d'un mammifère d'autre part, deux systèmes garantissant un équilibre dynamique entre les forces mises en jeu. Il met au point un ensemble conçu à partir d'un noyau central composé de trois colonnes, interconnectées à différentes hauteurs par des câbles métalliques portant les structures des planchers. En exerçant une force de compression vers le noyau central, ces planchers travaillent avec le système statique global et diminuent en conséquence le poids transmis aux fondations. Nicoletti réduit aussi la prise au vent par la forme en spirale des trois troncs qui, telles les voiles d'un navire, minimisent les pressions de manière uniforme et dissipative. La structure suspendue des Skyshells dérive elle aussi des potentialités structurelles des câbles métalliques tendus. Avec ce qu'il qualifie de « terrains artificiels », l'architecte élabore un système modulaire flexible, apte à se modifier en fonction des nécessités.

Nadine Labedade

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