PEROU (Pôle d’exploration des ressources urbaines)

(France)

Le PEROU se définit comme un laboratoire de recherche-action sur la ville hostile, conçu pour conjuguer action sociale et action architecturale, au service de la « multitude d’indésirables, communément comptabilisés comme cas sociaux, voire ethniques, mais jamais considérés comme habitants, à part entière. » À l’épreuve des bidonvilles et refuges de Calais, Paris, Arles ou Avignon, le PEROU conçoit des architectures vives, matérielles ou immatérielles, intensifiant ce qui s’invente et se construit dans ces multiples confins. Ainsi décrit-il un territoire second, absent des représentations légales et fait de gestes, formes ou actes d’hospitalité. Fort de deux années de recherche à Calais, le PEROU institue ici la 36 001e commune de France, avec ce qu’il nomme une « œuvre enquête » regroupant les « pièces à conviction » recueillies à Calais. À la fois mémoire constituée et mémoire à constituer, cette archive d’une commune en devenir en appelle à la réinvention d’un imaginaire de l’hospitalité.

Haut – lieu de l’hospitalité, ce projet d’aménagement du hall des Turbulences, conçu par Patrick Bouchain, est une oeuvre éphémère et participative réalisée en collaboration avec le collectif PEROU. Le public est invité à venir pratiquer, habiter et expérimenter le site par la requalification des espaces habituels du hall devenus « dortoir », « réfectoire », « parloir » et « bibliothèque ». Agencée selon un système de draperies monumentales, de tapis de sol, de lampes domestiques, fonctionnant comme un nouvel espace public, l’installation invite au partage, à l’alliance, autour du banquet et de la lecture. Ce projet intègre une installation inédite du collectif PEROU, la 36 001e commune de France mémoire de « la Jungle de Calais », ville-monde aujourd’hui disparue. Une toile tendue devient la trace et l’écriture d’un processus mémoriel entrepris par PEROU depuis plusieurs années ; une toile conçue comme « l’abri » du texte manifeste « Considérant Calais, et tout autour. » Archive de cette mémoire en devenir, l’œuvre s’inscrit dans la filiation de nombreux projets utopiques de la collection du Frac. Elle explore également la question de l’exposition comme un objet à part entière où la narration devient expérience, où l’oeuvre n’existe que lorsqu’elle est activée.