Le programme du Parc de la Villette prévoyait une vaste concentration d’activités diverses, culturelles, pédagogiques, sportives, de loisirs, sur un site de 55 hectares. Lauréat du concours lancé en 1982, Tschumi décida, non pas d’ajouter un bâtiment supplémentaire, mais de travailler de façon disséminatoire en distribuant les exigences programmatiques à travers tout le site. Situé en lisière de la ville, lieu de rencontre, d’échanges et de métissage culturel, le Parc devait répondre à trois types d’exigence : les activités proprement dites, les mouvements et les espaces de jeux. Tschumi proposa trois systèmes superposés : les points matérialisés par les Folies ; les lignes, courbes ou droites indiquant les circulations, et les surfaces définies par de grands espaces verts dégagés pour les terrains de jeux. Ces systèmes se superposent en des « contaminations », des croisements qui invitent le spectateur/promeneur à bifurquer d’un usage à un autre. Les vingt-cinq Folies du Parc de la Villette, réparties tous les 120 mètres, dessinent une grille régulière et orthogonale éclatée sur l’ensemble du site. Certaines ont une fonction (restaurant, café, poste de secours…), d’autres pas. Toutes conçues sur le principe de déclinaison d’un cube rouge de 10,8 mètres de côté, elles sont plus ou moins ajourées, et laissent apparaître une structure de 27 cubes plus petits, de 3,6 mètres de côté. Leur nom générique, « folie », renvoie aux Folia baroques, variations musicales sur une basse immuable conçues vers 1700, aux Follies des jardins anglais du XVIIIe siècle, structures pittoresques à découvrir au détour d’une promenade, mais aussi au nom commun folie. Quant au nom de chacune d’entre elles (Folie sous-marin, P7, N5…), il évoque une gigantesque bataille navale qui serait déployée dans le parc tout entier.
Nadine Labedade