Vincent Mauger

Sans titre, 2006

Cette œuvre, réalisée à deux échelles différentes, a été présentée lors de sa création simultanément dans deux espaces proches et distincts : le jardin François Mitterrand et le Musée de l'Hospice Saint-Roch à Issoudun. Ces volumes s'apparentent à un rocher stylisé, l'un constituant une version d'intérieur du premier. De même forme, ils semblent ainsi s'adapter aux contextes dans lesquels ils sont placés, évoquant un objet virtuel sans dimension propre. L'aspect de chacune des sculptures rend évidente la matérialisation d'un volume 3D réalisée à l'aide de méthodes simples et artisanales. L'objet est construit à partir de plaques de contreplaqué découpées en triangles assemblés de façon jointive. La logique du processus de fabrication est cependant rompue : les pièces n'ont pas été découpées ni assemblées par une machine ou un outil technologique mais par une main plus ou moins habile. La fabrication manuelle accentue le caractère concret et renforce l'aspect étrange de l'objet. Son existence est paradoxale ; il a perdu la perfection d'une image de synthèse en se matérialisant. Le dessin du bois apparaît comme une texture appliquée sur les différentes faces triangulaires de la forme creuse. Ce n'est pas une forme taillée dans une masse de bois mais un assemblage compliqué ne contenant que du vide, une coquille à facettes. La sculpture, posée au sol dans différents contextes, jardin public et musée, établit un dialogue avec ces lieux. Elle est l'image d'un rocher, d'un fragment de paysage qui tente de s'intégrer à l'environnement qui l'accueille. La forme suscite alors le doute et suggère un basculement possible de la réalité vers la représentation virtuelle dont elle est issue.

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