Contemporaine du body art et des oeuvres de Gina Pane ou Charles Simonds, cette « expérience du sable » poursuit les recherches de František Lesák sur le thème de la perception. L’artiste éprouve ici de façon radicale la privation d’espace en immergeant son corps dans le sable, jusqu’à disparaître totalement. Les 15 photographies de la série fixent le retour progressif du corps à l’air libre. Si ce mouvement d’émergence à la surface terrestre constitue pour Lesák un enjeu visuel en soi, le sens de cette performance est lié aussi à l’état de tension physique et mentale consécutif à l’enfermement. La claustration du corps enterré institue un espace en négatif : « l’espace se constitue lui-même dans l'expérience physique de la matière qui entoure le corps » explique Lesák ; ce que montrent les deux dessins qui complètent l’installation, en précisant la nature des sensations ressenties par l’artiste. Ces expériences d'enveloppement, où la surface du corps active celle de la terre, sont aussi celles des artistes du Land Art tels que Dennis Oppenheim ou Michael Heinzer.
Aurélien Vernant
