Ugo La Pietra

Recupero e reinvenzione, 1969-1975

Au cours de recherches pour un projet avec des bibliothèques de quartier, Ugo La Pietra remarque des créations « spontanées » fabriquées par des habitants de la périphérie milanaise : rompant avec leurs fonctions passées, des objets ont été récupérés et détournés par des « bricoleurs », devenant la matière première de leurs nouveaux agencements. Selon l’artiste, il s’agit là de réappropriations de l’espace urbain révélant le désir irrépressible de possession, de création et d’invention de l’individu. Autant de failles au sein du système autoritaire de la ville, au même titre que les systèmes alternatifs de communication et « les itinéraires préférentiels », des sentiers creusés par la fréquentation des habitants qu’il oppose aux voiries issues de la planification urbaine. De 1969 à 1975, La Pietra réalise un relevé photographique et filmique minutieux, quasi ethnographique, de ces traces de rupture qu’il nomme « degrés de liberté », comme en témoigne le film Riappropriazione della Città, édité en 1977. Les photographies, du très gros plan au plan d’ensemble, de l’objet au site, sont ensuite intégrées dans des photomontages, parfois placés sous le slogan « faites-le vous-même », et où la juxtaposition d’éléments (photographies, notes, schémas…) fait apparaître des relations signifiantes. Certaines compositions illustrent la genèse des objets, du système urbain pour lesquels ils furent conçus à la nouvelle configuration dans laquelle ils ont été réemployés. La décharge publique joue alors un rôle décisif dans ce parcours, comme lieu de « découverte », de réinterprétation et de métamorphose des objets.

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