Ugo La Pietra

Immersioni, 1967-1970

Développée par Ugo La Pietra à partir de 1967, la théorie du « système déséquilibrant » ouvre sur un vaste champ d’interventions au sein de la ville. Afin de s’extraire d’une réalité hostile, les Immersioni (« Immersions ») se donnent comme des espaces de refuge, l’artiste s’immergeant lui-même dans une boîte en carton ou une bétonnière. Pour la Triennale de Milan en 1968, il crée des micro-environnements en méthacrylate transparent. Des sphères lumineuses, des casques sonores, diffusant de la musique et des textes subversifs, invitent le public dans des espaces d’expérimentation audiovisuelle. Le spectateur n’y est jamais passif, il interagit avec ces « instruments » en actionnant lui-même l’installation, comme avec Immersione « Una boccata d’ossigeno » (Colpo di vento, 1970) où des jets violents d’oxygène lui sont propulsés au visage. Dans des conteneurs placés à hauteur d’épaule, la tête protégée d’un casque transparent, l’individu est confronté à des phénomènes sensitifs puissants tels que la chute d’eau dans le dispositif (Immersione nell’acqua, 1968-69) ou la projection par air comprimé de billes de polystyrène (Immersione nel’vento, 1970). Tout en proposant une forme d’expérimentation didactique individuelle, Ugo La Pietra exacerbe aussi le sentiment de gêne et de claustrophobie provoqué par l’isolement dans un espace confiné. Jouant sur la dialectique des contraires et cherchant à « susciter des conflits bénéfiques », ces Immersions sont conçues comme des mises en abyme de la réalité urbaine. L’objectif étant de permettre à l’individu de prendre conscience de la réalité aliénante et de reconquérir ainsi un pouvoir d’action. Placées directement dans la ville, les Uomouovosfera (« Homme-oeuf-sphères ») apparaissent alors comme des points de réflexion critique sur les conditionnements sociaux et psychologiques de l’environnement. Mettant en crise la part de liberté de l’individu, elles préfigurent le travail de l’artiste sur « les degrés de liberté ».

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