En 2010, Kokkugia collabore avec l’agence Studio Pei Zhu pour le concours du Musée national d’art de Chine, qui s’élèvera en 2015 au centre du village olympique de Pékin, un site déjà parsemé d’édifices iconiques. Refusant toute confrontation avec ceux-ci, Kokkugia choisit de développer une proposition aformelle, irréductible à ses simples contours, et de s’intéresser pour ce faire aux processus d’apparition des nuages. Les architectes se libèrent de l’hypothèse d’implantation initiale d’un édifice posé sur un socle, enfouissent une partie du programme et imaginent cette émergence translucide, que la lumière traverse pour baigner la piazza sous-jacente. Les systèmes d’agents employés ici simulent des flux laminaires ou turbulents, qui organisent la matière localement pour faire émerger tant les lignes du paysage que celles du musée. Il en résulte un réseau de nervures structurelles autour duquel s’enroule une peau en filigrane, composée de panneaux de verre similaires dont le degré de recouvrement varie pour générer des effets d’opacité et d’épaisseur. Les architectes conjuguent ces processus d’auto-organisation, à l’échelle locale, à la modélisation des géométries complexes émergeant globalement, et procèdent par allers-retours entre le résultat formel obtenu et les procédures, constamment affinées.

Emmanuelle Chiappone-Piriou

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