John Knight

JK, 1982

La documenta VII (1982) est l'exposition qui consacra le déferlement néo-expressionniste du début des années 1980. A rebours de cette exaltation de subjectivisme, ou pour en retourner l'interprétation, John Knight conçoit pour l'escalier principal de la documenta une série de huit logotypes de même dimension. Si les objets créés accusent la notion d'individualisme en imposant par leur découpe rigoureuse les deux initiales accolées de l'artiste (JK), les références de leur contenu (affiches touristiques Versailles et Bahamas) renvoient à la question de l'identité privée contre celle d'un marquage public prôné par les média et la publicité. Les initiales ligaturées, au design commun « Helvetica italique », servent de support à des vues fragmentées de paysages urbains, associant de la sorte le personnel et l’impersonnel, l’authenticité assumée de l’œuvre d’art par le monogramme/signature et la culture iconographique de masse. Signes tangibles, véritables objets, ces bas-reliefs de bois, accrochés très haut, offrent un commentaire sur le mode de présentation, sur le lieu d’exposition et le contexte social, économique et culturel. La volonté de fixer la notion de singularité s'appuie ici sur la dimension exceptionnelle des lieux cités et leur capacité souveraine à instruire de façon exemplaire l'histoire, l'architecture, le goût. Retournant l’opposition habituelle public/privé, Knight démystifie le signe personnel de l’artiste en l’incorporant dans l’anonymat d’une typographie banale et déjoue ainsi l’attente du spectateur tendue vers une expérience purement esthétique.

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