Marin Kasimir

Ambigu Comique II, 1990

Ambigu Comique II tire son nom d’un petit théâtre parisien du XVIIIe siècle pour pièces divertissantes. La référence théâtrale, la structure semi-circulaire, placent d’emblée le spectateur au sein d’une scène fictive, composée d’une vue panoramique translucide prise dans des structures d’aluminium, de 9 miroirs (anamorphoses du cercle) et de 9 fragments photocopiés en couleur extraits de la photographie panoramique. Cette œuvre répond à cette volonté constante dans le travail de Kasimir d'élargir le point de vue sur le réel, d'inventer une distribution spatiale scénographique. Abolition des perspectives, mise au point d'un autre système de mesure de l'espace déplacent les rapports d'échelle de la ville et son évaluation. Le monde ainsi tracé, dans cette vision urbanistique distendue, où plusieurs voies d'accès sont offertes et en même temps bouclées sur elles-mêmes, éclaire sans cesse la notion d'ambivalence, celle d'une indécision à se positionner. Cette ambition à la fois de totaliser l'espace et l'incapacité à donner une image unique de l'environnement autrement qu'en le développant sur une durée, manifestent finalement, entre utopie et conscience, le véritable mode sur lequel nous vivons le temps. Le présent, les états culturels, la lecture des œuvres d'art, les relations humaines, s'approchent par ruptures, dans le désir où nous sommes toujours de tenter la synthèse sans avoir reçu le don d'ubiquité. Par les jeux du miroir de ce petit théâtre du monde, entre domaine public et espace privé, le réel semble se dérober et nous renvoie une autre vision que celle que notre regard et notre mémoire nous laissent espérer.

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