Robert Irwin

Grand Avenue Viaduct, Los Angeles, 1985

Pour ce projet, Robert Irwin propose un viaduc de plusieurs centaines de mètres de long qui vient traverser la ville et délimiter verticalement deux espaces. L'espace supérieur reçoit une autoroute à deux niveaux qui relie différents quartiers de Los Angeles. La rue basse permet l'accès aux parkings et aux aires de services. Ce niveau inférieur est éclairé naturellement grâce à de grandes ouvertures pratiquées dans le tablier du pont. La sous-face de la structure constructive, formée d'un treillis de poutres de béton brut, génère un graphique qui anime l'espace et semble courir sur toute la longueur. La relation créée entre les poutres béton et les ouvertures pratiquées dans l'épaisseur de la dalle permet de lier le niveau haut et le niveau bas dans un même geste. Onze tubes de lumière bleue fluorescente en aluminium extrudé sont fixés en sous-face du viaduc sur les onze poutres de la structure « et commencent en formant les contours d'une flèche de lumière rouge comme le signe indicateur de l'accès du niveau inférieur » comme l'explique Irwin. Se déployant le long du niveau inférieur, « les lignes atteignent alors le plafond et parcourent l'ensemble de la surface sachant qu'à chaque ligne correspond une poutre structurelle en béton. A proximité des ouvertures, les lignes de lumière se rassemblent, plongent faiblement puis jaillissent comme deux fluides lumineux pour apparaître au niveau supérieur de Grand Avenue. » Par la pertinence de son analyse, Irwin révèle les potentialités du site. Cette construction à l'échelle monumentale, conçue dans le seul but de permettre à l'automobiliste un déplacement rapide, devient pour celui-ci le lieu d'une expérience perceptuelle où il verra danser la lumière jaillissant des ouvertures ; une expérience toujours renouvelée, variant selon sa vitesse et la lumière du moment. Les quatre tirages photographiques qui constituent la trace du projet, sont en fait une représentation schématique d'une inscription possible des courbes lumineuses. Le niveau bas, lieu presque hostile en marge de l'urbanisation, devient repère sculptural, élément d'identification pour les habitants des quartiers environnants. Irwin renouvelle ainsi l'espace, le transforme en une expérience spécifique aux caractéristiques propres issues du lieu.

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