Hans Hollein

Architecte (1934 - 2014)

Considéré comme l’un des précurseurs de l’architecture radicale et du mouvement postmoderne, Hans Hollein est une figure essentielle de l’histoire de l’architecture de la deuxième moitié du XXe siècle. Envisageant l’architecture à la fois comme un système de signes et un medium de communication, il développe dès la fin des années 1950 une démarche reposant sur le collage et le détournement d’images et de références. Marqué par la Endless House de Frederick Kiesler, les jeux d’échelles de Claes Oldenburg et le pouvoir envoûtant des objets sacrés amérindiens, il imagine sous forme de dessins et de photomontages des projets sculpturaux en rupture avec le fonctionnalisme (Überbauung Wien, 1960 ; Projekt für eine Stadt, 1960) : la charge symbolique et poétique de leurs formes archétypales doit permettre selon lui l’émergence d’une nouvelle spiritualité. Cette volonté de retour à une monumentalité archaïque s’accompagne d’une fascination critique pour la technologie, dont l’architecte veut à la fois démonter les mécanismes et libérer le potentiel magique en en recyclant les icônes. Dans un contexte international marqué par la guerre froide, le photomontage Flugzeugträger in der Landschaft (1964) réalise un chassé croisé avec le modèle architectural moderniste du paquebot en montrant un porte-avion implanté au sein de la campagne autrichienne. Dès 1965, Hollein va s’attacher à transposer la puissance évocatrice et l’étrangeté de ces « images-chocs » dans l’espace physique, en réalisant des édifices alliant high-tech et minéralité qui s’adresseront tant aux sens qu’aux émotions (Retti, Vienne, 1966 ; Schullin I et II, Vienne, 1972-74 et 1981-82). Parallèlement, son intérêt pour la dimension psychologique de l’architecture le conduit à en étendre le champ (il déclare « tout est architecture » en 1967) jusqu’à la dématérialisation. Il développe la notion d’« environnement » (Umwelt) et imagine plusieurs dispositifs d’altération de la perception spatiale : pilules (Architekturpille, 1967), spray (Svobodair, 1968).

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, de l’Illinois Institute of Technology et de l’Université de Californie, Hans Hollein séjourne eu Suède et aux Etats-Unis avant de fonder sa propre agence à Vienne en 1964. La même année, il fonde la revue Bau, qu’il dirigera jusqu’en 1970. Auteur de nombreux textes manifestes (What is Architecture, 1958 ; The art of building, 1961 ; Absolute Architektur, 1963, Alles ist Architktur, 1967), de projets architecturaux d’ampleur à travers le monde (Österreichisches Verkehrsbüro, Vienne, 1978 ; Städtisches Museum Abteiberg, Mönchengladbach, 1972-82 ; Museum Moderner Kunst, Francfort-sur-le-Main, 1982-91 ; Haas Haus, Vienne, 1986-90 ; Vulcania, Saint-Ours-Les-Roches, 1994-2002), mais aussi scénographe de théâtre, commissaire d’expositions (Biennale de Venise, 1996) et designer réputé, Hans Hollein a également marqué l’architecture par son enseignement, dispensé dans les plus prestigieuses universités. Ses projets ont été présentés dans de nombreuses expositions (Architektur, nächst St Stephan Gallery, Vienne, 1963, en collaboration avec Walter Pichler ; Triennale de Milan, 1968 et 1979 ; Biennale de Venise, 1972, 1980, 1984, 2000, 2003 et 2006 ; Centre Pompidou, 1987 ; Historisches Museum der Stadt, Vienne, 1995 ; Universalmuseum Joanneum, Graz, 2011-2012 ; Postmodernism, style and subversion, Victoria and Albert Museum, Londres, 2012). Il a reçu le Pritzker Prize en 1985 pour l’ensemble de son œuvre.

Gilles Rion

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