Renée Gailhoustet

Villejuif, 1978-1981

Objets monumentaux, la tour Raspail et l’ensemble Spinoza constituent les premières recherches sur l’habitat de Gailhoustet. L’organisation en duplex offre là au logement collectif certains attributs de la maison individuelle. Profondément marquée par l’immeuble à terrasses en gradins de l’avenue Casanova édifié en 1972 par Jean Renaudie à Ivry-sur-Seine, Gailhoustet ouvre ensuite de nouveaux chantiers de réflexion. Dessiné à partir de 1978, livré en 1981, peu connu, le quartier de la place de la Fontaine à Villejuif en constitue une des premières concrétisations. Financé par l’Office Public de HLM de la ville, cet ensemble situé près de la mairie comprend 35 logements sociaux en duplex ainsi que des bureaux pour la Sécurité Sociale. Développée cette fois à l’horizontal, la construction est ponctuée de terrasses et patios et représente une solution alternative aux formes urbaines banales et persistantes de la banlieue que sont malgré tout les tours et les pavillons. Son originalité est révélée lorsque comparée à la barre de logements proposée simultanément à proximité par Chemetov de l’AUA. A la différence de la tour, la nappe n’est pas un objet figé. Gailhoustet s’appuie sur des exemples hétérogènes, tels les habitations groupées du Siedlung Halen de Bâle (Atelier 5, 1961) ou la mégastructure polyfonctionnelle du centre civique de Cumbernauld en Ecosse (Wilson, Copcutt,1962). Son plan résulte d’une addition de modules en lanière, définis par les logements à patios et terrasses et leurs refends porteurs, pouvant évoluer, s’agrandir. A ce titre, la réalisation effective de Villejuif n’est qu’une partie d’un projet initial plus vaste. Elle en constitue un prototype extrêmement convaincant, dont les principes sont ensuite reconduits dans l’opération Marat d’Ivry-sur-Seine et la tranche 8 du quartier de La Maladrerie à Aubervilliers.

Bénédicte Chaljub

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