Yona Friedman

Pictogrammes de la Genèse, 1975

« L'ornement tient un rôle psychologique dans l'architecture. Il n'existe pas de bâtiments qui ne soit pas décoré. Pour toutes les cultures, l'ornement a été l'expression de la joie en commun et presque toujours l'homme, l'animal, la nature y tiennent une place primordiale » (Y.Friedman).

Ce rôle essentiel assigné à l'ornement se retrouve à tous les stades de la démarche de Friedman, ainsi ses maquettes de quartier spatial aux configurations sphériques réalisées à l'aide de bracelets indiens. Sur la grille ouverte de la Ville spatiale viennent se greffer les « abris » individuels enrichis de décors, reflets du plaisir de leurs habitants, vecteurs de l'expression individuelle. L'ornement peut donc potentiellement structurer l'espace habitable, assurant la circulation du sens dans l'architecture « mobile ». Dans les Pictogrammes de la Genèse, Friedman utilise le pouvoir synthétique du pictogramme pour « traduire en images », selon une grammaire simple et ludique mais systématique le texte biblique fondateur. La série de dessins présente une succession de signes, formant des compositions abstraites et colorées dont il se dégage une beauté primitive, quasi pariétale. Friedman réalisera en 1975 dans le cadre du festival de Saint-Germain des Prés un gigantesque « tapis urbain », recouvrant la chaussée d’une rue de Paris de motifs géométriques peints (Urban Carpet, 1975), imprimant dans le cœur de la ville l’utopie d’un langage universel.

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