Edouard François, Duncan Lewis & associés

Station de Traitement des Eaux, Nantes, 1994

Durant leur collaboration entre 1994 et 1997, Edouard François et Duncan Lewis conçoivent un premier projet, l’École à Thiais près de Paris. Lauréats de quatre concours, ils mènent alors une activité tournée vers des projets de petite échelle autant que vers des projets de grande envergure comme les tunnels et tranchées de l’autoroute A20, plusieurs logements collectifs ou encore la Station de Traitement des Eaux à Nantes. Dans ce projet, ils optent pour une recomposition totale du site de l’usine des eaux usées de Fougas : sur les 95 hectares, l'agence décide de diriger la dépollution, le traitement des eaux, la maîtrise technique et l'économie. Le projet s’ordonne tout entier d’est en ouest en un mouvement réel et symbolique de transformation d’une eau sale en eau claire : d’abord, les bâtiments techniques (flottateurs, ateliers, aérateur), puis les bâtiments administratifs, les laboratoires, enfin les cuves et, tout à l’ouest, des arbres en bosquets, des graminées, un paysage arrosé d’eau purifiée, métamorphosant ainsi une décharge en espace vert. Dans ce même trajet se donnent littéralement en spectacle trois passages : l’eau sortie des égouts, trouble, devient claire et pure ; la nature, rare autour des bâtiments techniques, apparaît luxuriante à l’opposé ; l’ardoise minérale est remplacée par le végétal. Des espèces herbacées géantes envahissent le site exprimant la fertilité d’un sol reconquis d’où toute végétation auparavant était absente. Placées sous le thème de la mutation, les cuves se couvrent progressivement de plantes : à l’est, elles se parent d’une peau minérale en gabions d’ardoise tandis que la suivante, le clarificateur, se recouvre de végétaux. Les bâtiments techniques sur sol d’ardoise sont eux aussi pris dans une gaine végétale composée d’arbres à travers lesquels de souples coffrages de béton laissent deviner une matière animée.  Toutes les techniques sont subordonnées au désir de qualifier l’épiderme des murs, d’infiltrer dans les bâtiments la plastique du vivant, du sensible, du modifiable et du tactile, d’y concentrer la puissance onirique du paysage. Même la disposition aléatoire des cuves vise une image de berges et de touffes lagunaires.

 

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