Delphine Coindet

Les maisons, 1997

Dans Les maisons, Delphine Coindet s'est attachée à la représentation et à l'imaginaire de l'espace domestique ; pourtant, le titre de l'ensemble laisse supposer que ces structures pourraient avoir une fonction de logements. À l’origine de cette œuvre prévaut l'idée d'une architecture, ou d'un espace domestique, pensés comme une troisième peau, dans une sorte de projection de l'épiderme, du vêtement, de l'habitat. Chaque élément de cette série se décline sur un même format (environ un mètre de haut sur une base ronde de 70 cm de diamètre). Ces dimensions renvoient à l'univers et aux jeux enfantins – la cabane – ainsi qu'à ce désir premier de construire un édifice délimitant un territoire qui nous définirait, tout en nous protégeant des dangers de l'environnement extérieur. Les éléments à géométries variables font ainsi référence au confort et à la protection inhérents à une maison mais aussi à l’isolation dans ces espaces (Le Tunnel et Tipi). Posée directement au sol, chaque sculpture a une base conique qui invite au mouvement du spectateur ; l’artiste s’intéressait alors notamment aux costumes pour ballet tout en rondeurs d’Oskar Schlemmer dans les années 1920. Cette volonté de déployer un espace imaginaire s'est fondée sur la mise en œuvre de chaque matériau : le carton se découpe et se colle, la mousse s'enroule et les plaques de polystyrène s’empilent. À chaque type architectural répond ainsi une forme spécifique qui appelle à son tour un matériau particulier. Les motifs utilisés sont délibérément archétypaux, voire stéréotypés : ils font appel à une mémoire visuelle commune et permettent identifications et transferts du réel vers l'imaginaire.

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