Branson Coates

National Centre for Pop Music (NCPM), Sheffield, 1998

Pour cette première réalisation d’ampleur, l’agence Branson Coates conçoit un signe architectural dont la puissance esthétique parvient à répondre de façon originale au programme tout en tissant un lien subtil avec le contexte culturel et physique du projet. Dans ce musée consacré à la Pop Music, l’architecture ne cesse de faire référence au genre musical, dans un dialogue constant avec le site. Le National Centre for Popular Music devait symboliser la reconversion culturelle des anciens quartiers industriels en déshérence de Sheffield, ville particulièrement marquée par l’acier. Evocation des silos qui abondent dans les zones industrielles des villes anglaises, les quatre immenses bâtiments circulaires figurent également une batterie. Leur enveloppe facettée en panneaux d’acier agit comme un kaléidoscope et reflète le contexte immédiat « d’une manière franchement pop » selon Nigel Coates. La nuit, elle offre un regard nouveau sur Sheffield en réfléchissant et en amplifiant le jeu de couleurs qui anime la ville. Au sommet de chaque « tambour », un dispositif cinétique doit permettre une ventilation naturelle par l’utilisation passive des vents dominants en fonctionnant comme une girouette. Si la forme des silos et les systèmes de ventilation peuvent rappeler la Dymaxion House (Richard Buckminster Fuller), le plan de l’ensemble renoue avec l’architecture italienne du Quattrocento (notamment la Villa Capra du Palladio) en s’organisant selon un plan en croix, à l’instar de plusieurs projets précédents de l’agence (Oyster House, 1998 ; powerhouse::uk, Londres, 1998). Pour les architectes, cette configuration est à l’image du rôle joué par la batterie dans la musique pop : une structure rigoureuse à partir de laquelle chacun peut exprimer sa créativité. À rebours de l’organisation linéaire des musées traditionnels, le visiteur est ici invité à créer son propre parcours, en choisissant parmi les quatre espaces d’exposition depuis le hall cruciforme central : le Soundscapes, environnement sonore 3D réalisé par le musicien et producteur Martyn Ware ; Perspective, présentant la Pop Music depuis ses influences jusqu’à ses aspects sociétaux ; Making Music, proposant des activités participatives aux visiteurs ; enfin, l’espace réservé aux expositions temporaires. Ouvert en 1999, le NPCM bénéficiait alors des dernières technologies de l’information et était considéré comme le premier temple interactif dédié à la Pop Music. L’entreprise fit cependant faillite, un an à peine après son inauguration.

Gilles Rion

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